samedi 1 octobre 2016

MA MAISON SUR L'ILE D'OLÉRON

http://www.location-saint-georges-d-oleron.com/pages/maison-dymar-pour-8-a-10-personnes.html



Avant de vous parler de la maison je vais vous conter l’histoire de Jules Raoulx qui quand il était jeune habitait avec sa famille au 496 rue de la République à Saint-Georges, la maison qui a trois petites marches et qui est située juste avant le virage en haut de la rue de la République.

Aubin, le père de Jules avait fait de très mauvaises affaires et était complètement ruiné. Il décida après avoir fait faillite de laisser sa famille à Saint Georges et de partir avec un fils pour Cuba faire fortune. 
En 1832,  à l'âge de 13 ans, Jules Raoulx quitta Saint-Georges avec son père qui malheureusement mourut deux ans plus tard de la fièvre jaune. Jules, resté seul et devant se trouver du travail pour vivre, aida dans un premier temps Auguste Girard, un planteur de café d’origine française, à gérer sa plantation. Bientôt il assuma seul la direction de cette plantation. En 1846 Domingo de Heredia, qui avait épousé en 1830, Louise Girard la fille d'Auguste Girard,  lui confie la construction et la gestion d'une nouvelle caféière appelée San Luis del Potosi. Jules fit de cette propriété une caféière immense, qu’il géra de façon remarquable et qui fut une source de grands profits pendant de nombreuses années pour toute la famille Heredia. Domingo meurt en mer en 1849. A partir de ce moment, la plantation dépendait entièrement de Jules. Louise Girard de Heredia lui fut très reconnaissante de son aide et de son désintéressement si bien que le 31 janvier 1856 il épousa, en l'église Saint Anselme de Tiguabos (à Cuba), Léocadie de Heredia, fille aînée de Domingo de Heredia et de Louise Girard. Malheureusement en 1868 commença à Cuba "la guerre des dix ans" qui ruina le pays qui devint extrêmement dangereux. Jules Raoulx et sa famille durent abandonner le Potosi et revinrent vivre à Saint Georges d'Oléron, son village natal. C’est en 1870 qu’il achète la maison de Saint-Georges sur la rue de la République. 

À l'époque, cette maison était composée de deux bâtiments contigus, situés maintenant au 412 et au 434 rue de la République.  
 
Jules Raoulx qui avait sept enfants fit aménager au 434, dans la partie visible de la rue, une grande salle à manger, un grand salon et une salle de billard au rez-de-chaussée et plusieurs chambres communicantes à l’étage. Au 412 de la rue de la République, le bâtiment n’avait aucune fenêtre sur l’arrière car le terrain ne lui appartenait pas. Celui-ci était constitué d'une écurie qui s'ouvrait sous le porche du 434, et une autre partie où étaient entreposées les voitures à cheval qui servaient autrefois à la famille de Jules Raoulx. Le premier étage servait d’entrepôt, notamment pour la nourriture des chevaux. Avant 1870, au 412 rue de la République, une partie de la maison était une vinaigrerie (fort certainement, la partie qui correspond au rez-de-chaussée du 412). 

Jules Raoulx à Cuba

Louisa, la fille aînée de Jules et Léocadie, est née en 1860 à Cuba où elle a vécu environ dix ans avant de venir en France avec sa famille . Elle épouse en 1879 Étienne Coustolle, ingénieur des Ponts et Chaussées, avec qui elle a eu quatre filles. Louise qui épousa en 1909 mon grand père Joseph Castaigne, Marguerite qui épousa en 1914 Camille Bricout, Françoise qui est restée célibataire et Étiennette qui épousa en 1914 Louis Genty.
 
Nous avons acheté le 412 en novembre 1992 mais dans un tout autre état que ce que vous voyez maintenant. La maison appartenait à ma tante, Lisbeth Genty qui l’avait hérité de sa mère Étiennette Coustolle (épouse de Louis Genty) et qui habitait au 434. C'est elle qui avait racheté le terrain en arrière de la maison à Paul Savatier.

Comme vous pouvez le voir sur cette photo prise en 1936 où l'on voit le 412 et le 434 rue de la République, le jardin de la cure, en face, était entouré d'un mur de deux mètres de haut et les fenêtres du premier étage du 412 étaient plus petites que les fenêtres actuelles.




 
Rue de la République en 1936. Au centre Joseph Castaigne mon grand père et plusieurs de mes oncles Castaigne
 
Le mariage de Louise Coustolle et Joseph Castaigne en 1909 a eu lieu dans la maison des parents de Louise, au 434.


Mariage de mes grands parents en 1909 dans le jardin du 434 rue de la République


Avant la guerre de 39-45, mon père et mes trois oncles venaient passer toutes leurs vacances dans cette grande maison avec leurs cousins et cousines Bricout et Genty. 
 
Mon père Emmanuel est né en 1918 et s’est marié en 1939 avec ma mère Marianne Richet. Comme son grand-père Coustolle, il avait fait l’école polytechnique mais malheureusement comme beaucoup d’autres il est décédé à la guerre en 1944 quelques mois avant ma naissance. 
 
Après des études d’ingénieur (AgroParisTech), je suis parti m’installer au Québec ou j’ai fait la majeure partie de ma carrière. 

Lorsque j’étais jeune, je venais passer mes vacances d’été à Saint-Georges dans la maison de Paul Castaigne, le frère de mon père. J’entretenais à l’époque de bonnes relations avec ma tante Lisbeth et quand je suis revenu en vacances à Saint-Georges en juillet 1992 avec ma femme Louise et mes trois enfants, elle m’a proposé de me vendre cette maison qui ne lui servait à rien. Sentimentalement je me suis dit que c’était l’occasion rêvée d’avoir une maison sur cette île magnifique. J’ai accepté et c'est comme ça que je suis devenu propriétaire d'une maison qui était sur de la terre battue, qui n’avait pas de fenêtre sur le jardin et dont le plancher du premier étage avait été mangé par les termites et menaçait de s’effondrer. Cette maison avait quand même été entretenue car mon arrière grand-mère Louisa Raoulx (la vieille Mimi) avait fait installer des colonnes de béton (il y en a huit) pour soutenir les quatre grosses poutres qui soutenaient le plancher du premier. Sans ça, le plancher du premier et le toit se seraient probablement écroulés.


Dès la signature de la promesse d’achat, j’ai consulté plusieurs entrepreneurs de l'Île d’Oléron pour la rénover et en faire une vraie maison familiale. Ma déception fut grande lorsque j’ai compris qu’à moins de quatre millions de francs (600 000 euros) je n’arriverais pas à la rénover. 
 
A cette époque en 1992, la mairie de Saint-Georges rénovait la cure (en face de la maison ou il y a maintenant le syndicat d’initiative) et avait supprimé le grand mur qui entourait le jardin du curé pour en faire un jardin public. Je me suis dit que la mairie avait dû chercher les entrepreneurs les moins chers de l'île pour entreprendre ces travaux. J’ai donc été voir les plans et la liste des entrepreneurs sur le chantier. J’ai été étonné de voir que l’architecte tout comme le maître d’œuvre et les différents corps de métier venaient tous de La Rochelle. J’ai donc été les voir avec les plans que j’avais fait. Effectivement ils étaient beaucoup moins chers car ils m’ont proposé de faire tous les travaux de rénovation pour environ 200 000 euros. Durant les travaux il y a bien sûr eu quelques suppléments mais tout a été terminé pour le 1er juillet 1993. Il a fallu négocier avec les bâtiments de France qui n'acceptent pas grand-chose. Finalement j’ai eu l’autorisation d’agrandir les petites fenêtres du premier étage côté rue. Par contre toutes les fenêtres côté rue devaient être en bois et je n’avais pas le droit de poser de gouttières afin de ne pas cacher le larmier qui d’après eux était exceptionnel. Je les ai fait poser par la suite. 


Sachant aussi que la plupart des maisons construites sur l’Ile d’Oléron étaient sensible à l’humidité qui monte dans les murs par capillarité et favorise le développement de moisissures noires sur les murs du rez-de-chaussée, j’ai fait doubler les murs extérieurs afin qu’il y ait une couche d’air d’environ deux à trois centimètres d’épaisseur par laquelle l’humidité des murs peut s’échapper vers le toit. La dalle de béton a été coulée sur une feuille de polyéthylène imperméable à l'eau et côté jardin un trottoir éloigne l'eau de la maison, comme pour la maison Bricout.  Depuis 1993 l'année où les travaux ont été finis je n’ai jamais eu de moisissure et je peux dire que l’air de la maison est sain contrairement à beaucoup de maisons récemment construites ou rénovées sur l’Ile d’Oléron qui souffrent de gros problèmes d'humidité et de moisissures qui rendent les maisons insalubres.

Voila la maison tel que je l'ai vu quand j'en ai fait connaissance en 1992:



Façade coté rue de la maison avec ses petites fenêtres au 1er étage





  Futur salle de séjour



 Futur cuisine et salle de séjour.





Futur salle de séjour sans porte fenêtre coté jardin. On peut voir les colonne de béton supportant le plancher du premier.
 




Porte du garage

 


Fenêtre de la futur salle de douche




Fenêtre au dessus de la mezzanine et celle à sa gauche




 Fenêtre au dessus de la mezzanine et petite bibliothèque




Futur chambre jaune




  Coin du grenier



Fenêtre du grenier (façade ouest) 


Coin du grenier

Les travaux se sont fait rapidement car j'ai obtenu l'autorisation des bâtiments de France et le permis de construire en mars 1993. J'avais un bon maître d'œuvre car je n'ai pas eu besoin de me déplacer pendant les travaux. J'ai pu tout faire par téléphone. Les travaux étaient terminés pour le 1er juillet 1993. 

D'après ma tante Lisbeth qui le tenait de sa grand mère, les pierres qui ont servi à construire cette maison seraient venues d'un monastère catholique qui aurait été démoli par les protestants durant la guerre de religion qui a eu lieu sur l'ile vers 1625. Je ne sais pas si c'est vrai. Chaque fois que j'ai voulu planter quelque chose dans le jardin je suis tombé à quelques centimètres de profondeur sur des dalles que vous pouvez voir au fond du jardin ou sur les pierres qui servaient à faire un chemin ou une cour intérieure. Il semble qu'il y ait eu un chemin qui menait au puits ovale qui devait servir de puits communal. Sur les documents notariés  concernant l'achat du terrain il est écrit qu'autrefois il y avait eu un four banal. C'était un four communal ou les habitants du village pouvaient venir faire cuire leur pain. Ce puits ovale daterait de l'époque d'Aliénor d'Aquitaine et serait donc très ancien. 
 
Pour en revenir à la vinaigrerie, j'ai mis juste en dessous le cadastre de 1842. On voit nettement la route de Saint-Pierre et la rue de la République. Ma maison située au 412 n'existait pas encore telle qu'elle est et à la place il y avait trois petits bâtiments. Ou ces trois bâtiments ont été démolis pour reconstruire le 412 tel qu'il apparait aujourd'hui, ou ces trois bâtiments ne faisaient qu'un seul bâtiment divisé en trois section : une section ouvrant sur le 434 qui était une écurie, une section central qui était peut être la vinaigrerie et une troisième section qui permettait d'entrer dans le bâtiment avec une charrette par exemple. Par contre la maison du 434 existait déjà, telle qu'elle est aujourd'hui. Cela veut dire que le 412 a été construit ou réaménagé entre environ 1842 et 1870, et fort probablement pour y installer la fameuse vinaigrerie.



Comme ce document est fait pour ceux qui veulent se renseigner sur cette maison. Vous pouvez voir différentes pièces de la maison après rénovation.










Pour ceux qui s’intéressent à cette famille et au village de Saint-Georges, je vais vous parler de l’ancienne cloche de l'Église qui avait été bénie le 6 janvier 1886. Cette bénédiction faisait suite au remplacement de la cloche précédente, qui s’était fêlée en 1885,  par une nouvelle cloche. Pour la fonte et l'installation de celle-ci le Conseil Municipal de Saint Georges avait, le 13 novembre 1885, voté l'engagement d'une somme de 500 Francs. En fait, la contribution de la Municipalité s’est limitée à une subvention de 200 Francs accordée au Conseil de Fabrique. Le reste de la somme a été donné par trois personnes : Léocadie RAOULX-HEREDIA, la grand mère de ma grand mère, Ludovic SAVATIER, un botaniste de renommé mondial et le notaire SALMON. Le parrain était Jules RAOULX et la marraine Léocadie RAOULX-HEREDIA. Lors de la bénédiction de la cloche on lui donna le nom de LOUISE en l’honneur de la fille de Léocadie et de sa petite fille qui s’appelaient elles aussi Louise. Malheureusement cette cloche s'est elle aussi fêlée en 2017 et a été remplacée le 10 avril 2019. Cette nouvelle cloche s’appelle LOUISE comme la précédente. Grâce à l'intervention de plusieurs descendants de Léocadie et de Jules, cette cloche est maintenant exposée dans l'église de Saint-Georges. Vous pouvez voir les trois noms des principaux donateurs de l'époque inscrit en lettres de bronze sur celle-ci. Lors de l'installation de la nouvelle cloche en 2019, Plusieurs vidéos ont été tournées. En voici deux exemples sur youtube:

https://www.youtube.com/watch?time_continue=138&v=xNbA8KNK3_o
 
https://youtu.be/9cfAdSeQzuQ
 

Emmanuel Castaigne