Avant
de vous parler de la maison je vais vous conter
l’histoire de Jules Raoulx qui quand il était jeune habitait avec sa
famille au 496 rue de la République à Saint-Georges, la maison qui a trois petites
marches et qui est située juste avant le virage en haut de la rue de la
République.
Aubin, le père de Jules avait fait de très mauvaises affaires et
était complètement ruiné. Il décida après avoir fait faillite de laisser sa famille à Saint Georges et de
partir avec un fils pour Cuba faire fortune.
En 1832, à
l'âge de 13 ans, Jules Raoulx quitta
Saint-Georges avec son père qui malheureusement mourut deux ans plus tard
de la fièvre jaune. Jules, resté seul et devant se trouver du travail pour vivre,
aida dans un premier temps Auguste Girard, un planteur de café d’origine
française, à gérer sa plantation. Bientôt il assuma seul la direction de cette
plantation. En 1846 Domingo de Heredia, qui avait épousé en 1830, Louise Girard la fille d'Auguste
Girard, lui confie la construction et la gestion d'une nouvelle
caféière appelée San Luis del Potosi. Jules fit de cette propriété une caféière
immense, qu’il géra de façon remarquable et qui fut une source de grands
profits pendant de nombreuses années pour toute la famille Heredia. Domingo meurt
en mer en 1849. A partir de ce moment, la plantation dépendait entièrement de
Jules. Louise Girard de Heredia lui fut très reconnaissante de son aide et de
son désintéressement si bien que le 31 janvier 1856 il épousa, en l'église Saint
Anselme de Tiguabos (à Cuba), Léocadie de Heredia, fille aînée de Domingo de
Heredia et de Louise Girard. Malheureusement en 1868
commença à Cuba "la guerre des dix ans" qui ruina le pays qui devint
extrêmement dangereux. Jules Raoulx et sa famille durent abandonner le Potosi
et revinrent vivre à Saint Georges d'Oléron, son village natal. C’est en 1870
qu’il achète la maison de Saint-Georges sur la rue de la République.
À l'époque, cette maison était composée de deux bâtiments contigus, situés maintenant au 412 et au 434 rue de la
République.
Jules
Raoulx qui avait sept enfants fit aménager au 434, dans la partie visible de la
rue, une grande salle à manger, un grand salon et une salle de
billard au rez-de-chaussée et plusieurs chambres
communicantes à l’étage. Au 412 de la rue de la République, le
bâtiment n’avait aucune fenêtre sur l’arrière car le terrain ne lui appartenait pas. Celui-ci était constitué d'une
écurie qui s'ouvrait sous le porche du 434, et une autre partie où étaient
entreposées les voitures à cheval qui servaient autrefois à la famille de Jules Raoulx. Le premier étage servait
d’entrepôt, notamment pour la
nourriture des chevaux. Avant 1870, au 412 rue de la République, une partie de
la maison était une vinaigrerie (fort certainement, la partie qui correspond au rez-de-chaussée du 412).
Jules Raoulx à Cuba
Louisa, la fille aînée de Jules et Léocadie, est née en 1860 à Cuba où elle
a vécu environ dix ans avant de venir en France avec sa famille . Elle
épouse en 1879 Étienne Coustolle, ingénieur des Ponts et Chaussées, avec qui elle a eu quatre filles.
Louise qui épousa en 1909 mon grand père Joseph Castaigne, Marguerite
qui épousa en 1914 Camille Bricout, Françoise qui est restée célibataire
et Étiennette qui épousa en 1914 Louis Genty.
Nous
avons acheté le 412 en novembre 1992 mais dans un tout autre état que
ce que vous voyez maintenant. La maison appartenait à ma tante, Lisbeth
Genty qui l’avait hérité de sa mère Étiennette Coustolle (épouse de
Louis
Genty) et qui habitait au 434. C'est elle qui avait racheté le terrain
en arrière de la maison à Paul Savatier.
Comme
vous pouvez le voir sur cette photo prise en 1936 où l'on voit le 412
et le 434 rue de la République, le jardin de la cure, en face, était entouré d'un
mur de deux mètres de haut et les fenêtres du premier étage du 412
étaient plus petites que les fenêtres actuelles.
Rue de la République en 1936. Au centre Joseph Castaigne mon grand père et plusieurs de mes oncles Castaigne
Mariage de mes grands parents en 1909 dans le jardin du 434 rue de la République
Avant la guerre de 39-45, mon père et mes trois oncles venaient passer
toutes leurs vacances dans cette grande maison avec leurs cousins et cousines Bricout et Genty.
Mon père Emmanuel est né en 1918 et s’est marié en 1939 avec ma mère Marianne
Richet. Comme son grand-père Coustolle, il avait fait l’école polytechnique
mais malheureusement comme beaucoup d’autres il est décédé à la guerre en 1944
quelques mois avant ma naissance.
Après des études d’ingénieur (AgroParisTech), je suis parti
m’installer au Québec ou j’ai fait la majeure partie de ma carrière.
Lorsque
j’étais jeune, je venais passer mes vacances d’été à
Saint-Georges dans la maison de Paul Castaigne, le frère de mon père.
J’entretenais
à l’époque de bonnes relations avec ma tante Lisbeth et quand je suis
revenu en
vacances à Saint-Georges en juillet 1992 avec ma femme Louise et mes
trois enfants,
elle m’a proposé de me vendre cette maison qui ne lui servait à rien.
Sentimentalement je me suis dit que c’était
l’occasion rêvée d’avoir une maison sur cette île magnifique. J’ai
accepté et c'est comme ça que je suis devenu propriétaire d'une maison
qui était sur de la terre battue, qui n’avait pas de
fenêtre sur le jardin et dont le plancher du premier étage avait été
mangé par
les termites et menaçait de s’effondrer. Cette maison avait quand même
été entretenue car mon arrière
grand-mère Louisa Raoulx (la vieille Mimi) avait fait installer des
colonnes de béton (il y en a
huit) pour soutenir les quatre grosses poutres qui soutenaient le
plancher du
premier. Sans ça, le plancher du premier et le toit se seraient
probablement écroulés.
Dès la signature de la promesse d’achat, j’ai consulté
plusieurs entrepreneurs de l'Île d’Oléron pour la rénover et en faire une vraie maison familiale. Ma déception
fut grande lorsque j’ai compris qu’à moins de quatre millions de francs (600 000
euros) je n’arriverais pas à la rénover.
A cette époque en 1992, la mairie de
Saint-Georges rénovait la cure (en face de la maison ou il y a maintenant le syndicat d’initiative)
et avait supprimé le grand mur qui entourait le jardin du curé pour en faire
un jardin public. Je me suis dit que la mairie avait dû chercher les
entrepreneurs les moins chers de l'île pour entreprendre ces travaux. J’ai donc été voir
les plans et la liste des entrepreneurs sur le chantier. J’ai été étonné de
voir que l’architecte tout comme le maître d’œuvre et les différents corps de
métier venaient tous de La Rochelle. J’ai donc été les voir avec les plans que j’avais fait. Effectivement ils étaient
beaucoup moins chers car ils m’ont proposé de faire tous les travaux de
rénovation pour environ 200 000 euros. Durant les travaux il y a bien sûr eu
quelques suppléments mais tout a été terminé pour le 1er juillet 1993.
Il a fallu négocier avec les bâtiments de France qui n'acceptent pas grand-chose.
Finalement j’ai eu l’autorisation d’agrandir les petites fenêtres du premier
étage côté rue. Par contre toutes les fenêtres côté rue devaient être en bois
et je n’avais pas le droit de poser de gouttières afin de ne pas cacher le
larmier qui d’après eux était exceptionnel. Je les ai fait poser par la suite.
Sachant
aussi que la plupart des maisons construites sur l’Ile
d’Oléron étaient sensible à l’humidité qui monte dans les murs par
capillarité et favorise le développement de moisissures noires sur les
murs
du rez-de-chaussée, j’ai fait doubler les murs extérieurs afin
qu’il y ait une couche d’air d’environ deux à trois centimètres
d’épaisseur par
laquelle l’humidité des murs peut s’échapper vers le toit. La dalle
de béton a été coulée sur une feuille de polyéthylène imperméable à
l'eau et côté jardin un trottoir éloigne l'eau de la maison, comme pour
la maison Bricout. Depuis 1993 l'année où les
travaux ont été finis je n’ai jamais eu de moisissure et je peux dire
que l’air
de la maison est sain contrairement à beaucoup de maisons récemment
construites ou
rénovées sur l’Ile d’Oléron qui souffrent de gros problèmes d'humidité
et de moisissures qui rendent les maisons insalubres.
Voila la maison tel que je l'ai vu quand j'en ai fait connaissance en 1992:
Façade coté rue de la maison avec ses petites fenêtres au 1er étage
Futur salle de séjour
Futur cuisine et salle de séjour.
Futur salle de séjour sans porte fenêtre coté jardin. On peut voir les colonne de béton supportant le plancher du premier.
Porte du garage
Fenêtre de la futur salle de douche
Fenêtre au dessus de la mezzanine et celle à sa gauche
Fenêtre au dessus de la mezzanine et petite bibliothèque
Futur chambre jaune
Coin du grenier
Fenêtre du grenier (façade ouest)
Coin du grenier
Les
travaux se sont fait rapidement car j'ai obtenu l'autorisation des
bâtiments de France et le permis de construire en mars 1993. J'avais un
bon maître d'œuvre car je n'ai pas eu besoin de me déplacer pendant les
travaux. J'ai pu tout faire par téléphone. Les travaux étaient terminés
pour le 1er juillet 1993.
D'après
ma tante Lisbeth qui le tenait de sa grand mère, les pierres qui ont
servi à construire cette maison seraient venues d'un monastère
catholique qui aurait été démoli par les protestants durant la guerre de
religion qui a eu lieu sur l'ile vers 1625. Je ne sais pas si c'est
vrai. Chaque fois que j'ai voulu planter quelque chose dans
le jardin je suis tombé à quelques centimètres de profondeur sur des
dalles que vous pouvez voir au fond du jardin ou sur les pierres qui
servaient à faire un chemin ou une cour intérieure. Il semble qu'il y ait
eu un chemin qui menait au puits ovale qui devait servir de puits
communal. Sur les documents notariés concernant l'achat du terrain il
est écrit qu'autrefois il y avait eu un four banal. C'était un four
communal ou les habitants du village pouvaient venir faire cuire leur
pain. Ce puits ovale daterait de l'époque d'Aliénor d'Aquitaine et
serait donc très ancien.
Comme
ce document est fait pour ceux qui veulent se renseigner sur cette
maison. Vous pouvez voir différentes pièces de la maison après
rénovation.
Pour ceux qui s’intéressent à cette famille et au village de
Saint-Georges, je vais vous parler de l’ancienne cloche de l'Église qui avait été bénie le 6 janvier 1886.
Cette bénédiction faisait suite au remplacement de la cloche précédente, qui s’était
fêlée en 1885, par une nouvelle cloche. Pour la
fonte et l'installation de celle-ci le Conseil Municipal de Saint Georges
avait, le 13 novembre 1885, voté l'engagement d'une somme de 500 Francs. En
fait, la contribution de la Municipalité s’est limitée à une subvention de 200
Francs accordée au Conseil de Fabrique. Le reste de la somme a été donné par trois
personnes : Léocadie RAOULX-HEREDIA, la grand mère de ma grand mère, Ludovic SAVATIER, un botaniste de renommé mondial et le notaire SALMON.
Le parrain était Jules RAOULX et la marraine Léocadie RAOULX-HEREDIA. Lors
de la bénédiction de la cloche on lui donna le nom de LOUISE en l’honneur de la
fille de Léocadie et de sa petite fille qui s’appelaient elles aussi Louise. Malheureusement cette cloche s'est elle aussi fêlée en 2017 et a
été remplacée le 10 avril 2019. Cette nouvelle cloche s’appelle LOUISE comme
la précédente. Grâce à l'intervention de plusieurs descendants de Léocadie et de Jules, cette cloche est maintenant exposée dans l'église de Saint-Georges. Vous
pouvez voir les trois noms des principaux donateurs de l'époque inscrit en lettres de bronze sur celle-ci. Lors de l'installation de la nouvelle cloche en 2019, Plusieurs vidéos ont été tournées. En voici deux exemples sur
youtube:
https://youtu.be/9cfAdSeQzuQ
Emmanuel Castaigne